La pandémie du Covid-19 qui met le monde sur pause pour une durée encore indéterminée se double actuellement d’une autre pandémie sur les réseaux sociaux : la diffusion de fausses informations ou d’informations inexactes et imprécises sur la maladie et les façons de lutter contre. Comment faire, donc, pour disposer d’informations fiables ?
Etonnamment, c’est une réflexion que je me suis faite à plusieurs reprises depuis que je travaille sur notre rapport à l’information et aux médias : alors que nous sommes tous connectés, en ligne, via les réseaux, notre rapport au monde dépend de plus en plus de la façon dont nous accédons à l’information. « Que se passerait-il si, un jour, nous étions isolés avec pour seule fenêtre sur le monde l’image que nous en donnent les médias et réseaux sociaux ? » me suis-je même demandé il y a quelques semaines… Et nous y voilà, confinés à cause d’un con fini*, l’histoire d’un être humain qui mange un pangolin et chope alors un mauvais rhume qu’il passe à son voisin qui à son tour en contamine d’autres massivement… au point qu’on se retrouve toutes et tous dans une situation de pause forcée, où nos ressources et notre rapport au monde, aux autres, doit se redéfinir sur la maxime du « seul, ensemble », solitaires et solidaires à la fois.
A l’image de la belle animation ci-dessous, réalisée par l’artiste Ruan Delcan pour expliquer le besoin de se mettre en retrait pour éviter de propager à son tour la maladie, l’arrêt de la propagation de fausses informations relève d’un geste simple : ne pas diffuser sans être certain de la véracité du contenu propagé, car, c’est bien connu, la promotion de fake news peut avoir des conséquences sanitaires.
Comment s’assurer qu’une information n’est pas un fake ?
Plusieurs réflexes peuvent être adoptés : vérifier la provenance de l’information (le site web, l’auteur, la date), faire un copier-coller d’un passage donné pour vérifier la réplication du texte sur le web, et son éventuelle mention sur des sites de Fact Checking. En la matière, voilà quelques sources sûres que vous pouvez consulter, ou même auxquelles vous pouvez vous adresser pour vérifier un contenu douteux :
- + AFP Factuel
- + Check news, propulsé par les équipes de Libération
- + Vrai ou Fake, de France Info
- + Hoaxbuster
- + Le site de l’organisation mondiale de la santé, qui revient sur les idées reçues sur le sujet
- + Et pour expliquer ça aux petits, voir ces ressources pour comprendre la fabrique de l’info, dispo sur le site de Bayard
A noter : les médias ont quasiment tous dénoncé cette propagation de désinformations, à l’image de France Culture hier lundi 16 mars avec la chronique de Nicolas Martin, producteur de la Méthode Scientifique, qui revient sur le large succès d’un article diffusé sur Medium le week-end dernier. Le journaliste explique à quel point il est facile de se faire avoir par un ramassis d’âneries scientifiques alors que l’article a tous les atours scientifiques… tout en jouant sur l’anxiété collective à des fins de publicité personnelle, écoutez plutôt :
Quels médias suivre ?
Maintenant que vous savez détecter le faux ou le presque vrai mais pas sûr, sachez que de nombreux supports de presse se sont organisés pour effectuer un suivi efficace de la pandémie et ses conséquences. « Au-delà des reportages alarmistes sur le coronavirus, les médias cherchent un moyen pour informer de manière responsable. Les conseils clés : limiter des adjectifs anxiogènes, contextualiser l’épidémie, démonter des intox et suggérer des actions concrètes. Pour informer sur le COVID-19, des podcasts et newsletters se créent, ainsi que de nouveaux formats sur les réseaux sociaux – L’Organisation mondiale de la Santé rejoint TikTokpour diffuser des informations vérifiées sur le virus. » explique ainsi Meta Media dès le 7 mars. Le site de prospective de France TV explique aussi la coopération inédite des rédactions de l’audiovisuel public européen et canadien.
En réalité, de nombreux médias ont décidé de mettre leur contenu sur le sujet en accès libre, dans une démarche somme tout assez inédite. De Sud-Ouest au New York Times (qui a même créé une newsletter spéciale), beaucoup prennent leur responsabilité dans un contexte historique, et certains jouent la collaboration plutôt que la compétition pour assurer une couverture médiatique adaptée. Parmi quelques pépites à suivre (je vais essayer de l’actualiser en temps réel, n’hésitez pas si vous avez des suggestions) :
- + La radiographie du coronavirus sur France Culture
- + Le suivi effectué par le journal Le Monde
- + Le journal du CoVid, par Eric Fottorino sur le site du 1 Hebdo
- + Le carnet d’un confiné Coronavirus 2020, par David Dufresne
- + Le journal de la Quarantaine, sur le site des Jours
- + Le site du journal suisse Le Temps, toujours très pédagogue pour expliquer son fonctionnement et ses choix en coulisses
- + Le suivi effectué par le site The Conversation, nourri par des articles de scientifiques
- + Vous pouvez aussi adopter un robot, Coco, dernier né de l’école des robots FLINT, afin de recevoir une information sourcée par une intelligence artificielle parmi l’ensemble des flux d’information existants sur le web
- + La Newsletter dédiée d’Heidi News
- + La chaîne lancée spécialement par le philosophe Jérôme Lèbre, philosopher en temps d’épidémie
- + Le suivi spécial du média d’investigation local Médiacités
Si cela vous intéresse, vous pouvez suivre en temps réel l’évolution du nombre de cas en France et dans le monde, même si ces données doivent être prises avec recul, comme l’explique bien ce nouvel épisode de la série Datagueule :
A noter enfin, l’ONG Avaaz, qui s’est donné pour mission de lutter contre les fake news, propose actuellement un numéro sur Whattsapp pour vérifier les informations et proposer à chacun d’entre nous de devenir un détective de mensonges à signaler à la plateforme et aux vérificateurs indépendants. Pour y accéder, il faut cliquer ici, et envoyer un message sur WhatsApp au +31 852 081 865.
- Sur ce, je vous dis à bien vite pour la suite ! Nous avons la chance, aussi, de pouvoir échanger ainsi à distance !
- * En tant que végétarienne je respecte le choix des mangeurs de viande, en espérant qu’ils le font en conscience, mais les mangeurs d’animaux sauvages (et/ou en danger), non merci…
A consulter également : épidémie d’infox, comment lutter ? (le cas du COVID19) par le CLEMI, ou encore les gestes barrière numériques à effectuer par Meta Media.