Bientôt une vingtaine de jours que nous sommes assignés à résidence, confinés, enfermés et obligés de suivre à distance l’avancée mondiale d’une maladie qui nous prend au dépourvu en remettant en cause la course folle de nos sociétés.
Comme le dit si bien Bruno Latour, il ne faut pas gâcher cette crise. Et si la seule guerre à mener consiste sans doute à nous faire violence contre nous-mêmes, il est temps de prendre de l’avance sur la suite en modifiant notre façon de voir le monde, notre façon de le comprendre et de l’appréhender, en interrogeant donc, en premier lieu, notre façon de nous informer.
Seconde édition du #Live #BienSinformer
L’excellente Revue des médias, réalisée par l’INA, revient justement cette semaine sur la manière dont le confinement modifie notre rapport à l’information. De multiples témoignages pour cerner l’évolution des habitudes, entre stratégies d’évitement de l’anxiété pour les uns et besoin de bien cerner les choses pour les autres, entre refus de la TV pour certains ou au contraire suivi plus régulier des JT pour d’autres… Une réflexion qui n’est pas sans rappeler celle que nous menons avec Benoît Raphaël (FLINT.media) et Ground Control autour du #BienSinformer, dont la première édition, en LIVE, est désormais disponible en ligne (ci-dessous)
Vous êtes une centaine (nous ne pouvions faire plus pour cette première édition) à l’avoir suivi, et malgré les bugs de cette première improvisée, vos retours ont été fort enthousiastes ! Aussi avons-nous prévu de reproduire le rendez-vous cette semaine : pour suivre la seconde édition du Live de #BienSinformer, ce sera donc ce dimanche 5 avril à 17h, sur ce lien (bien vous inscrire) avec des invités journalistes (Vincent Giret, le patron de France Info, et Aude Favre, de la chaîne Youtube What the fake) et scientifiques (Thomas Landrain, de Jogl) qui pourront vous éclairer sur leur vision de la crise, sur leur façon de réagir, d’agir, et leurs conseils pour essayer d’y voir clair. Comme la première fois, vous pouvez nous partager vos questions en amont, et participer au débat !
Améliorer son hygiène informationnelle
En attendant, je vous ai déniché quelques lectures utiles pour mieux appréhender votre rapport aux écrans et aux flux d’infos. Pour commencer, Halte à la sursollicitation numérique, un rapport formidablement bien fait pour éviter la surchauffe mentale et retrouver le contrôle. Prenez le temps de le lire et de faire le point sur votre environnement numérique quotidien (voir le tableau ci-dessous, issu des pages 74 et 75 du rapport)
Après ce premier bilan, plongez vous dans les recommandations de l’association Lève les Yeux. En février dernier, cette jeune association a organisé les premières assises de l’attention et appelle, en cette période confinée, à “goûter le silence et la solitude” (selon l’expression du romancier Sylvain Tesson) et à “sortir de notre cocon numérique”. Leur rêve ?
Que cette retraite forcée, en dépit des angoisses qu’elle peut susciter – à fortiori quand on suit l’actualité en continu… – soit l’occasion pour certains d’une véritable pause. D’autant plus qu’à l’échelle politique, la “stratégie du choc” s’annonce avec toujours davantage de numérisation de nos vies au détriment de nos droits. Les inégalités sociales liées à l’école en ligne (dénoncées ici) et le “pistage numérique” envisagé par le gouvernement à l’instar des sud-coréens, nous inquiètent au plus haut point.
Mais comme le disent les québécois, “ne soyez pas trop durs envers vous-mêmes” non plus : cernez donc les sentiments qui vous habitent “après la consommation d’informations en ligne” et privilégiez “les moments de navigation qui nous procurent du bonheur”, prenez des pauses, et ne vous privez pas seulement par culpabilité : « Je crois que si les gens devaient s’éloigner complètement des écrans en ce moment, ils pourraient se sentir plus isolés que jamais. Nous sommes toutes et tous stressés actuellement, et pour être bien franc, c’est correct de se sentir stressé. » expliquent les experts canadiens.
Améliorer sa compréhension du problème
Alors si vraiment vous êtes stressés par la situation et que vous avez besoin d’y voir clair, voilà quelques ressources utiles (encore une fois !) : cet article de l’IDDRI (un institut de référence dans l’analyse du développement durable) interroge la manière dont les scientifiques sont convoqués comme experts et invités à parler à titre individuel pour éclairer des arbitrages politiques… “Quelles questions cette situation pose-t-elle, pendant la crise ? Et que peut-on anticiper comme conséquences à plus long terme pour la relation entre science et politique ? ” interroge l’auteur de l’article, Sébastien Treyer, par ailleurs directeur de l’IDDRI.
Autre éclairage : la manière dont les médias répondent à la crise actuelle, et comment ils s’organisent : sur ce front, Ginkio (plateforme de mise en avant de journalistes et leurs compétences journalistiques) réalise en ce moment des podcasts passionnants (enfin, pour moi au moins) qui montre par exemple à quel point le coronavirus accélère la transition numérique de Nice Matin ou comment France Inter innove en pleine crise.
Vous pouvez aussi avoir un aperçu de la façon dont certaines PME vivent le confinement en écoutant le Podcast L’Epreuve, réalisé par Carole Stromboni : “sommes-nous face à une épreuve qui est aussi un entrainement avant des temps plus difficiles ? Comment les choses évoluent-elles au fur et à mesure du confinement ?” (voir ci-dessous)
Si vous avez encore un peu de temps, testez donc l’outil en cours d’expérimentation mis en place par FLINT afin de suivre les informations les plus récentes et les plus pertinentes (après une Intelligence Artificielle assistée par l’intelligence collective humaine) sur le Covid-19. De quoi avoir un oeil sur les données de suivi comme les derniers éléments essentiels liés au confinement, à la crise, etc. La bonne nouvelle ? S’il vous manque des choses, vous pouvez le signaler, proposer d’autres sources, faire des remarques, et participer à l’amélioration du suivi. Un outil sur mesure donc, que vous pouvez soutenir en allant ici pour participer à la levée de fonds de FLINT, d’ailleurs.
Un peu de satire
Pour terminer sur un note d’humour alliée à de la solidarité, suivez-donc le mot clef #cartooningforsolidarity lancé par l’association Cartooning for Peace… Exemple ci-dessous avec ce dessin qui illustre le masque Corona hongrois (voir d’autres dessins ici sur leur instagram)…
Ou cette scène de confinement dont il vaut mieux rire tant le sujet qui est monté dans l’actualité, cette semaine, est celui de la vie après le virus et l’emprise que pourrait avoir les écrans et les relations numérisées sur nos futurs modes de vie, comme ultime illustration, pour le coût, de la solidité du modèle capitaliste qui nous a mené dans le mur…
Alors pour semer un peu d’espoir sans doute, l’ONG fondée par Plantu propose aux jeunes de 12 à 20 ans de participer au #CartoonYouthChallenge pour réfléchir au monde après le coronavirus…
Sachant, côté presse et média, qu’il y a aussi des inquiétudes actuellement sur la façon dont l’avenir se profile dans le secteur… Que cela nous incite donc à souhaiter aujourd’hui un bon moisiversaire à l’Hebdo de La Croix qui fête ses 6 mois d’existence ce weekend, une belle fin de campagne prolongée à Légende Le Mag, idem pour So Good, et surtout adresser un remerciement aux titres de presse, aux radios, télévisions, émission web et petits médias locaux qui aujourd’hui se démènent tant que possible pour assurer un suivi des enjeux sanitaires et de la situation inédite que nous traversons.
On se retrouve dimanche pour en discuter, en ligne à 17H, ou alors très vite par ici ou pas bien loin ! Prenez soin de vous et de vos proches d’ici là…
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